Né à Lavaltrie le 26 septembre 1809, Victor Bourgeau est le fils de Basile Bourgeault, maître charron, et de Marie Lavoie. Très tôt, il apprend à travailler le bois dans l'atelier de son père. Il poursuit sa formation de menuisier et de charpentier auprès de son oncle, qui se nomme aussi Victor Bourgeault. Il hérite des connaissances issues d'une longue tradition familiale de charpentiers et de travailleurs du bois. La suite de sa formation demeure obscure. Il aurait été influencé par les ouvrages et les gravures d'architectes américains, dont Minard Lafever et Samuel Sloan. Bien que le parcours de Victor Bourgeau soit méconnu, plusieurs spécialistes, tel Luc Noppen, s'entendent pour affirmer qu'il se serait formé auprès de l'architecte John Ostell, lequel l'aurait embauché à titre de clerc. Cette éducation pratique expliquerait la qualité de ses réalisations, tant sur le plan de la technique que sur celui de l'esthétique architecturale, qui font de Bourgeau l'un des architectes les plus importants du Québec. Architecte prolifique ?uvrant principalement en architecture religieuse, Bourgeau doit sa renommée à l'estime que lui portait Ignace Bourget, évêque de Montréal, et aux nombreuses réalisations que ce dernier lui a confiées. À partir de 1851, il devient en effet l'architecte attitré du diocèse de Montréal. Il est l'auteur de près de 200 bâtiments, aux influences stylistiques variées, situés surtout à Montréal et dans les environs. Sa première réalisation en tant qu'architecte, l'église Saint-Pierre-Apôtre, est tellement appréciée que Mgr Bourget le nomme conseiller officiel de l'archevêché en matière d'architecture. Il obtient ainsi plusieurs contrats et participe à la construction de plus d'une centaine de lieux de culte au Québec. Bourgeau réalise d'abord des ornements d'église et du mobilier religieux. Il est le concepteur de nombreux lieux de culte, comme Sainte-Rose-de-Lima (1852-1856), à Laval, les cathédrales de Saint-Germain (1854-1859), à Rimouski, et de Marie-Reine-du-Monde (1870-1894), à Montréal, ainsi que le décor intérieur de la basilique Notre-Dame, conçu en 1856 et exécuté à partir de 1872. Bourgeau dessine également les plans de plusieurs couvents et monastères, dont le couvent des S?urs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie (1851) à Longueuil, la maison mère des S?urs Grises de Montréal (1869) et le pensionnat Notre-Dame-du-Saint-Rosaire (1887-1888) à Montréal. À L'Assomption, il dirige les travaux de modifications du vieux palais de justice (1860) et conçoit l'agrandissement et la nouvelle façade de l'église de l'Assomption-de-la-Sainte-Vierge (1863). On lui doit aussi l'Hôtel-Dieu de Montréal (1859-1861), situé sur la rue Saint-Urbain, et les magasins I et II de l'Hôtel-Dieu (1861). Les plans types de Bourgeau sont utilisés même après sa mort, comme c'est le cas pour l'ancien couvent de la congrégation de Notre-Dame (1889) à L'Assomption. À la fin des années 1860, Bourgeau s'associe avec Étienne-Alcibiade Leprohon. Les deux architectes conçoivent notamment les plans des églises de Saint-Joseph (1861-1862) et de Saint-Raphaël-Archange (1873-1874), à Montréal, ainsi que du presbytère (1874-1876) et de l'église de Saint-Cuthbert (1874-1879). Il est décédé à Montréal le 1er mars 1888. Il avait épousé, en 1833, Edwidge Vaillant; puis, en 1878, Delphine Viau.
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