Né à Montréal, le 12 juin 1857, Maurice Perrault est le deuxième des quatorze enfants issus de l'union de l'arpenteur et architecte Henri-Maurice Perrault et de Marie-Louise-Octavie Masson. Maurice Perrault grandit au sein d'une famille éminemment respectable de Montréal et active dans plusieurs domaines, dont la politique, la religion, le commerce et le bâtiment. Son père, Henri-Maurice, était un descendant d'importants marchands de bois; il avait aussi pour oncle l'architecte John Ostell et pour cousin germain Mgr Édouard-Charles Fabre, premier archevêque de Montréal. Perrault étudie au Petit Séminaire de Montréal de 1867 à 1875. C'est à ce moment qu'il se lie d'amitié avec Paul Bruchési, futur archevêque de Montréal qui, plus tard, lui facilite ses entrées chez certains membres du clergé. Entre 1875 et 1879, il poursuit sa formation chez Perrault et Rielle, où il apprend les règles de l'arpentage, puis auprès de son père qui lui enseigne les rudiments de l'architecture, de 1875 à 1879. En janvier 1880, alors que Perrault n'est âgé que de 22 ans, son père lui cède la direction de son bureau. Afin d'en assurer la survie, il s'associe avec le dessinateur en chef Albert Mesnard, qui travaillait depuis plusieurs années pour son père. Connue sous le nom de Perrault et Mesnard, cette nouvelle société s'impose rapidement sur la scène montréalaise et se spécialise en architecture religieuse et institutionnelle. Ainsi, grâce à la clientèle, au réseau de relations et aux conseils de Perrault père, les deux associés ne tardent pas à se voir commander les plans de vastes églises. Leur production est particulièrement dense dans les années 1880. De fait, c'est au cours de cette période qu'ils conçoivent, entre autres, les plans des églises Saint-Gabriel à Pointe-Saint-Charles (1891-1895), Saint-Lin dans la région de Lanaudière (1887-1890) et l'Annonciation à Oka (1879-1883), de même que de la basilique Sainte-Anne à Varennes (1884-1887), sans oublier les cathédrales Saint-Charles-Borromée à Joliette (1887-1892) et Saint-Antoine-de-Padoue à Longueuil (1884-1887). Au cours des années 1890, ils se voient confier de prestigieuses commandes, dont le Monument-National (1891-1894) et le pavillon de l'Université Laval à Montréal (1893-1895). Même si leurs réalisations sont concentrées dans la grande région montréalaise, ils ont aussi à leur actif quelques édifices dans les autres provinces canadiennes et le Nord-Est En 1888, Perrault, qui est d'allégeance libérale, est nommé architecte en chef pour le district de Montréal par le premier ministre Honoré Mercier.C41 Au début des années 1890, les deux associés sont les architectes francophones les plus réputés du Québec. En 1892, ils décident de s'associer avec Joseph Venne, alors dessinateur en chef de la firme, formant la société Perrault, Mesnard et Venne. Sur le plan technique, cette société compte déjà, à la fin du XIXe siècle, parmi les architectes les plus novateurs en matière d'utilisation de l'acier. L'atrium en fer et en verre de la Banque du peuple (1892-1894), inspiré de modèles américains, témoigne de leur rapidité à saisir les plus récentes évolutions dans les domaines de la construction et de l'esthétique. En 1895, les architectes décident de mettre fin à leur association. Il faut dire que Perrault a déjà, depuis quelques années, des aspirations politiques qui lui font parfois négliger sa première profession. Par la suite, Maurice Perrault a son propre bureau d'architecte. Plusieurs projets lui sont confiés par l'État, dont les agrandissements de la prison des femmes de Montréal (1900) et de l'hôtel des postes de Montréal (1908-1910). Il participe aussi à la reconstruction de la cathédrale de Saint-Hyacinthe (1909-1910). Habitant la ville de Longueuil depuis 1895, Perrault en occupe la fonction de maire de février 1898 à août 1902. En décembre 1900, il est élu député du comté de Chambly à l'Assemblée nationale du Québec. Il est réélu en 1904 et, de justesse, en 1908, soit jusqu'à son décès. Perrault a été l'un des membres fondateurs et conseiller de l'Association des architectes de la province de Québec. Il a participé aussi à la fondation de l'Institut d'architecture du Canada en 1908. À l'affût des innovations techniques et soucieux de garder à jour sa production, Maurice Perrault nous laisse l'image d'un honnête architecte. Démontrant une grande passion dans sa carrière politique, sincère ou opportuniste, cette attitude lui a valu de passer à l'histoire. Le 24 septembre 1879, il épouse Marie-Sara-Arthémise Hébert, avec qui il aura plusieurs enfants, dont trois filles seulement atteignent l'âge adulte. Perreault décède d'un cancer de la gorge le 11 février 1909, à Longueuil, et il est inhumé deux jours plus tard au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal. Il est alors âgé de 51 ans.
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