Joseph Venne naît le 14 juin 1858 à Montréal, sur la rue Montcalm dans le quartier Sainte-Marie, et décède le 9 mai 1925 dans la même ville. Fils aîné du charpentier Joseph Venne et d'Hélène Raymonde dit Labrosse, il épouse Philomène Boucher le 17 octobre 1882, avec qui il aura onze enfants. Malgré l'application qu'il met dans ses études, celles-ci ne semblent pas l'avoir préparé à la carrière à laquelle il se destinait. De fait, lorsqu'il se présente chez Henri-Maurice Perrault, en mai 1874, on le retourne à sa planche à dessin. Ce n'est qu'environ un mois plus tard qu'il y est admis comme apprenti. Sa formation dure cinq ans, à la suite de quoi il poursuit sa carrière au sein de la firme comme dessinateur. Lors de l'association de Perrault et Mesnard, en 1880, Venne est promu comme dessinateur en chef. Avant même d'être invité à se joindre à eux comme associé, il joue un rôle important dans ce cabinet d'architectes très sollicité, notamment par l'Église catholique (tant au Québec et en Colombie-Britannique qu'aux États-Unis), les diverses administrations publiques et la bourgeoisie francophone de la province. C'est à cette époque qu'il développe une expertise dans les structures d'acier, pour ensuite s'intéresser davantage au béton. La société Perrault, Mesnard et Venne est donc fondée en 1892 et elle sera dissoute en 1895. Joseph Venne travaille par la suite à son compte jusqu'en 1911, date à laquelle il s'associe avec son élève Louis Labelle. Il collabore aussi, à l'occasion, avec Max Doumic, Joseph-Arthur Godin et Alphonse Venne. Bien qu'il soit très sollicité par son travail, Venne ?uvre à promouvoir et à professionnaliser le métier d'architecte. Entre 1895 et 1899, il donne des cours publics de construction et d'architecture au Monument-National, sous la tutelle du Conseil des arts et manufactures de la province de Québec. En 1890, il participe à la fondation de l'Association des architectes de la province de Québec, dans laquelle il occupera plusieurs postes, dont, à deux reprises, celui de président (1902 et 1912). En 1911, il ?uvre avec Joseph-Alcide Chaussé à la création d'une commission visant à refondre les règlements de construction de la ville de Montréal; il participe alors à la rédaction du premier Code du bâtiment régissant la construction de la métropole. En 1923, malgré une santé précaire, il continue d'exercer avec ses fils Adrien et Émile, dont le second, formé à l'École des beaux-arts de Paris, sera enseignant à celle de Montréal de même qu'à l'École polytechnique de Montréal. La carrière de Joseph Venne est surtout marquée par la production d'édifices religieux, pour lesquels il est considéré comme l'un des meilleurs représentants de l'architecture victorienne de la fin du XIXe siècle au Québec. Pour ce qui est de ses réalisations, il est le concepteur de la nouvelle façade de l'église Saint-Enfant-Jésus du Mile-End (1900-1901), de la reconstruction de l'église Sacré-C?ur-de-Jésus (1922), de l'agrandissement de l'église Saint-Clément de Viauville (1913-1914) et de l'église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs de Verdun, projet sur lequel il collabore avec Louis Labelle (1911-1914), sans oublier l'église paroissiale de Sainte-Anne-des-Plaines (1899-1902) dans la région des Basses-Laurentides. Notons que l'église Saint-Pierre-Claver (1915-1917) forme une parenthèse dans son corpus, caractérisé par une architecture plus ornementée, plus complexe et plus intimiste.
© CPRQ, 2011